Une forme de glace particulière reçoit le nom de pénitents. J’en ai rencontré en Himalaya (Shishapangma) ainsi qu’en Amérique du Sud (au Tupungato et à l’Ojos del Salados, au Chili). Au Sajama, le plus haut sommet de Bolivie, ils se forment progressivement et deviennent particulièrement difficiles à franchir au fur et mesure que l’hiver austral avance.
Le glaciologue P. Wagnon les définit ainsi :
« L’alpiniste qui découvre pour la première fois la Cordillère des Andes du Pérou est frappé par ces formations inhabituelles que sont les pénitents. Ces lames de neige ou glace tendues vers le soleil de midi et régulièrement alignées sur les glaciers donnent l’impression de suivre une procession religieuse lors de la semaine sainte, d’où leur nom, les pénitents. Pour qu’ils se développent, plusieurs conditions doivent être réunies : un rayonnement solaire intense, une période sans fortes précipitations de plusieurs semaines et une fonte limitée. Au départ, un champ de neige à première vue homogène. A petite échelle, celui-ci présente toujours des hétérogénéités : répartition aléatoire de poussières, bosselettes… Du fait de ces hétérogénéités, le rayonnement solaire est inégalement absorbé par la surface du champ de neige : concentration du rayonnement dans les creux par micro-réflexions sur leurs parois ce qui a tendance à les accentuer, absorption du rayonnement par les poussières sombres qui s’enfoncent dans la neige. Après quelques jours, le champ de neige présente une succession de creux et de bosses disposés au hasard. Les creux continuent à concentrer les rayons du soleil, rassemblent les poussières et ainsi s’amplifient. Les bosses restent propres, blanches et réfléchissent efficacement le rayonnement solaire. Après une à deux semaines sans chute de neige, les bosses atteignent une à plusieurs dizaines de centimètres. Certaines bosses finissent par se rejoindre pour n’en former plus qu’une créant un début d’organisation parmi les pénitents. A ce stade, l’alternance fonte/sublimation devient le phénomène prépondérant. Les crêtes des pénitents sont soumises au vent qui favorise la transformation directe de la glace en vapeur d’eau, appelée sublimation, alors que les creux qui emprisonnent de l’air saturé en humidité bloquant ainsi la sublimation, sont le siège de la fonte. Or comme il faut huit fois plus d’énergie pour sublimer la glace que pour la fondre, la perte de glace sur les crêtes est chaque jour huit fois moindre par rapport à la perte dans les creux. Les pénitents se développent donc très vite et peuvent croître de plusieurs centimètres chaque jour (c’est en fait la surface qui s’abaisse). Plus ils sont grands, plus l’organisation en surface est régulière car chaque pénitent possède en quelque sorte un rayon d’action autour de lui. Ce phénomène prend fin lorsqu’une forte chute de neige vient recouvrir toute la procession, ou lorsque l’eau de fonte qui ruisselle dans les creux devient trop abondante, rongeant les pieds des pénitents qui se mettent à vaciller avant de s’écrouler. »
Pénitents sur un glacier du Shishapangma (Himalaya)
Pénitents à l’Ojos del Salados (Chili), véritables épées de glace
Pénitents au Tupungato (Chili)
Peut-être avez-vous vu des pénitents sur d’autres montagnes? N’hésitez pas à nous faire part de votre expérience!
Tout « simplement » impressionnant ;quelle luminosité et quelle pureté se dégagent de cet environnement somptueux ! Merci encore et à bientôt.
Bise.
c’est vrai! on les appelle aussi « demoiselles », non? (coiffées ou non d’un rocher en équilibre)
Ces glaçons sont terrifiants mais les photos excellentes
merci Marion
Oui, il existe d’autres pénitents mais près du Lac de l’Ascension près de La Roche de Rame; Ces Pénitents ne sont pas en glace mais en roche dures …..
avec toute notre amitié Yves-Marie
C’est absolument magnifique! Merci Marion