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Crevasse au Langtang Ri (Népal, 7206m)

A peine à quelques dizaines de kilomètres au nord de Katmandou, sur la frontière tibétaine, le sommet du Langtang Ri est incroyablement sauvage. Une expédition s’y rend tous les 7 à 8 ans, de très rares cordées s’aventurent par le Hagen’s Col voisin pour rejoindre la face sud du Shishapangma. Chronique d’un drôle de bout d’aventure dans ce qui nous a semblé être le bout du monde…

075-LangtangRiSommet (pointu) du Langtang Ri; l’arête se développe à gauche du sommet, le Tilman’s Col se trouve au pied de l’arête tout à fait à gauche de la photo

La marche d’approche remonte la vallée du Langtang, peuplée de Tamangs et sous influence tibétaine. Au-dessus d’une forêt dense, à partir de 3000 mètres, des villages sont établis dans les alpages. Les habitants sont occupés aux travaux des champs, pressés de rentrer les cultures avant l’hiver. Marques bouddhistes, des drapeaux de prières claquent au vent, des moulins sur des ruisseaux chantent, d’immenses murs de pierres a mani agrémentent le sentier… Dominée par des sommets de plus de 7000 mètres, dont le Langtang Lirung, la vallée est large et bien ensoleillée. La végétation et l’atmosphère ont revêtu des couleurs d’automne dont nous profitons  pleinement à l’occasion de journées courtes destinées à favoriser l’acclimatation à l’altitude.

Ci-dessous le village de Langtang et ses habitants:

039-Alpages 040-Langtang

010-Village

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024-EnfantVillage 036-SeniorVillage 035-SeniorVillage

 

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Des drapeaux de prières à l’entrée du village de Langtang

Passé le dernier village, à 3800 mètres, nous entrons dans le vif de l’expédition. Nous suivons une simple sente, parcourue par des yacks évoluant en liberté. La vallée se resserre peu à peu, encadrée par de très hautes parois abruptes descendant de sommets enneigés. Bientôt, nous prenons pied sur la moraine du glacier de Langtang, puis sur le glacier lui-même. Le cheminement emprunte de gros blocs instables, en équilibre ; il faut être concentré sur chaque pas pour surtout ne pas se blesser. L’immense glacier du Langtang, façon Baltoro mais sans chemin ni trace, défend l’accès au fond de la vallée… Certains porteurs renoncent ; ceux qui restent doivent faire deux allers retours. Après huit jours de marche et quelque hésitation sur le glacier, nous trouvons un bon emplacement pour le camp de base, vers 5000 mètres, pas trop loin de la montagne. Nous établissons ici nos quartiers pour deux semaines environ.

050-LangtangLirungLe Langtang Lirung, qui dépasse les 7000 mètres; pas de voie facile…

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070-CampBaseLAngtangRiLe camp de base, sur fond de Langtang Ri. La route est encore longue…

Le premier portage est terriblement ingrat. En plus des difficultés liées à l’altitude, il faut composer avec un terrain difficile : les gros blocs instables, de grandes pentes d’éboulis, des montées suivies de descentes…  Nous effectuons un dépôt de matériel au pied d’un glacier sur lequel nous établirons un camp d’altitude, puis retournons au camp de base.

079-MonteeCamp1Vue sur le glacier de Langtang. Le camp de base se situe à peu près au pied des pentes de neige sur la droite. L’itinéraire passe à droite du lac en regardant cette photo (à gauche du lac en montant).

Deux jours plus tard, nous revenons au dépôt, chargeons le matériel et remontons le glacier sur sa moitié environ pour installer le camp 1 vers 5675 mètres. Vue imprenable sur la face sud du Shishapangma et quelques autres sommets ainsi que sur l’infâme glacier du Langtang Ri. Nous en avons enfin fini avec cette approche difficile : place à l’alpinisme !

082-MonteeCamp1 083-MonteeCamp1De l’alpinisme, enfin!

086-Camp1 Camp 1

105-SunsetSoleil couchant sur la face sud du Shishapangma

Des pentes neigeuses d’inclinaison très modérée nous mènent à un col, dont je pensais qu’il marquait le pied de l’arête qui mène au sommet, mais que nenni ! Il ne s’agit pas du fameux col Tilman mais d’un « faux col », qui marque l’entrée d’un grand plateau qui lui mène au véritable col Tilman et au pied de notre arête… Damned ! Le plateau nous fait perdre 100 mètres de dénivelée. Au col Tilman, magnifique vue sur le Tibet, à l’apparence encore plus inhospitalière si c’est possible que le glacier du Langtang… De raides pentes neigeuses constituent le début de l’arête jusqu’à un replat à 6200 mètres, sur lequel nous établissons le camp 2. La vue est magnifique sur l’arête, cornichée à souhait, parcourue de formes de glace tourmentées… Ça promet ! C’est la fin de la phase d’acclimatation : nous descendons au camp de base pour se reposer avant de lancer la tentative du sommet.

087-MonteeCamp2 Montée au Tilman’s Col

092-Tilman'sCol
Le Col Tilman est au pied de cette grande face; le camp 2 est dans notre dos, le camp 1 à gauche

095-MonteeCamp2 099-Camp2Camp 2 (le Shisha à gauche)

Exif_JPEG_PICTUREBelle arête!

La météo avait jusque-là été incroyablement clémente : froid modéré, absence de vent. Une journée plus tard, la neige tombe dru. 30 à 40 centimètres au camp de base, cela veut dire beaucoup plus en altitude. Victime d’une amibe, je dois laisser les autres repartir vers la montagne. Le temps s’est remis au beau mais la neige accumulée sur le plateau rend la progression extrêmement difficile. Ils décident de tenter le sommet en un assaut unique depuis le col Tilman. La progression est incroyablement esthétique. L’arête est longue et technique mais après chaque champignon de neige, ils gagnent un peu en altitude… jusqu’à connaître le coup d’arrêt vers 6600 mètres : une grosse crevasse barre la voie vers le haut. Où sont les échelles ?? Il faut malheureusement renoncer.

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Exif_JPEG_PICTURECrédits photo: Jean Annequin et Régis Philippe

Un léopard des neiges nous rend visite au camp de base, avant que nous n’en repartions. Les traces sont nettes dans la neige fraîche. Le cuisiner et ses aides l’ont vu et même chassé : il fouinait dans le sac des soupes de nouilles instantanées ! Le léopard des neiges est en voie de disparition et sa présence est extrêmement rare. On a manqué la photo de la décennie !

108-TracesLeopardNeiges

Cette expédition au Langtang Ri a été à la hauteur des attentes, voire les a dépassées : en style alpin, avec très peu de cordes fixes, elle a offert une part d’exploration et a demandé de l’abnégation, dans une région totalement sauvage. Nous n’avons pas croisé une personne pendant trois semaines. Isolement, engagement… pour expéditionnaires avertis.

Plus de photos sur l’album « Langtang »

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6 commentaires sur “Crevasse au Langtang Ri (Népal, 7206m)”

  1. Merci Marion de ce partage extraordinaire une nouvelle fois et bravo à tous. Les photos sont superbes ! On espère que l’amibe t’a définitivement quittée. Bonne route et à bientôt.

  2. J’aurais passé la nuit dehors, flash ou pas, photo ou pas. Simplement pour le voir passer. Il y a peu de choses aussi belles que d’observer un bel animal. Il faudra que je te raconte ma rencontre
    avec un éléphant le mois dernier. Mais uniquement quand tu seras de retour en France 🙂

  3. J’ai bien pensé à toi en voyant les traces!!! On a été tentés de passer la nuit dehors dans un duvet pour prendre la photo, mais le flash la nuit avec un animal qui e déplace vite… aurait-on vu
    autre chose qu’un gros flou??

  4. Honnêtement, sur cette expé, cela n’a pas été facile, y compris le retour (trois étapes en une!)… heureusement qu’il a fait beau!

    RV sur les skis à Puy en février, avec plaisir!

  5. Je te suis attentivemment.
    Apparemment tu prends ton plaisir dans cette nature si hardue. Je vous félicite de nous montrer tant de beautés. et un grand merci à toi Marion pour ton blog.
    Peut-être à bientot à Puy en février ?
    Nous t’embrassons
    Yves-Marie

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