Le Vinson, je l’avais dans un coin de la tête depuis la lecture du livre de Dick Bass, la première personne à réaliser les Seven Summits, il y a près de 25 ans. Il était l’une de mes priorités pour 2011: je n’ai pas été déçue. Une météo clémente, un paysage magique, une belle arête sommitale, un groupe très sympathique et l’ascension du Shinn, « cerise sur le gâteau », avec cette fois une météo plus conforme à la réputation de l’Antarctique…
David sur l’arête sommitale du Vinson
Le point de rencontre du groupe se se trouve à Punta Arenas, capitale de la Patagonie chilienne. Après un briefing d’ALE (Antarctica Logistics & Expeditions), on a la chance de bénéficier d’un bon créneau météo pour voler et de pouvoir embarquer à bord de l’Ilyushin.
Après quatre heures d’un vol assez tranquille, on atterrit sur un runway en glace vive: attention à la descente de l’avion! Nous dînons au camp de Union Glacier où David rejoint le groupe, après avoir couru la veille un ultra-marathon (100km)!
Pour tirer parti des bonnes conditions météo, ALE nous envoie dans la foulée au camp de base du Vinson, atteint après un vol de 40 minutes sur twin-otter.
Vue sur la chaîne menant du Gardner (second en partant de la gauche) au Shinn (cône neigeux à droite), en passant par la Tyree et l’Epperly, tous ces sommets culminant au-delà de 4500m.
Les deux twin-otters au camp de base, sur fond de Vinson (sommet rocheux au fond à gauche)
On a bien fait de voler sur le Vinson sans tarder: les deux jours suivants, la météo se dégrade et nous restons tranquilles au camp de base (2100m). Au menu de ces deux jours: préparation du matériel, des traîneaux et petite sortie pour réviser les techniques de sauvetage en crevasse. Température de -20° environ hors windchill. Deux autres expéditions sont en même temps que nous sur la montagne.
Le troisième jour, nous pouvons nous mettre en route vers le camp 1. Un trajet de 9km et 700m de dénivelée positif à parcourir avec les traîneaux.
La montée au camp 1 (2770m) permet d’avancer dans une grande combe et découvrir le Shinn et le Gardner. A l’arrivée, le vent se lève et complique l’établissement du camp.
L’itinéraire à suivre pour le Vinson (numéro 1) remonte la grande combe, une pente de neige plus raide (cordes fixes) puis le long glacier jusqu’au sommet (en G) – cliquer pour agrandir.
Pour visualiserune Vidéo de montée au camp 1
Le Gardner (4573m, pointu et rocheux) et le Shinn (4660m, pointu et neigeux) au fond
Gros plan sur le Gardner et le Shinn
Vidéo au camp 1 peu de temps après l’arrivée
Nous prenons un jour de repos avant de continuer l’ascension. Le temps est idyllique.
Dans l’absyde de la tente, au réveil au camp 1
Nos trois tentes au pied de la face Est du Vinson
Trois tentes du camp 1, sur fond de mont Gardner
Vient ensuite la remontée des cordes fixes (1200m de cordes, inclinaison moyenne de 36°). La neige est dure et les crampons mordent impeccablement. Pas de vent lorsque nous touchons le haut de la pente, d’où il reste deux heures pour atteindre le camp 2 (3770m).
Pour une vidéo de la Montée sur les cordes fixes au Camp 2
Nouveau jour de repos, pendant lequel l’expédition allemande gravit le sommet. Le lendemain, c’est enfin notre tour! Départ vers 9h avec un rythme très lent: Peter a couru deux Ironman dans les semaines précédant l’expédition et, curieusement, est bien fatigué… Dean, le guide néo-zélandais, le tire vers le haut. Manuel, David et moi, sur la même cordée, en profitons pour admirer et savourer le paysage, notamment les vues sur le Shinn.
David utilise une « water bottle » originale...
Après avoir remonté le plateau, nous prenons pied sur l’arête sommitale qui se révèle un peu plus alpine. Quel régal! Sommet atteint par toute l’équipe vers 17h, sans vent, avec une température d’environ -30°.
Pour une Vidéo du panorama vu du sommet
Descente tranquille et assez rapide au camp 2, pour un nouveau jour de repos. Après cette belle ascension, Manoel et moi avons envie d’en profiter encore davantage et louchons vers le Shinn, en face du camp… Dean, qui n’y est pas allé au cours de ses deux précédets voyages, est partant. Karsten le norvégien se joint à nous mais Peter et David, bien fatigués, restent au camp. Les conditions météo ont changé: température de -26° au départ, vent de 20km/h: de quoi tester notre motivation. En avant pour le Shinn!
Le terrain est plus alpin que celui du Vinson. Des pentes plus raides, de la glace bleue (attention, ne pas se prendre les pieds dans le tapis), des corniches, une arête mixte… La température descend encore, le vent forcit – souvent de face. Au col qui donne accès aux pentes sommitales, on calcule une température ressentie (après windchill) de -52°…! La buée envahit le masque de ski et gèle instantanément… je n’y vois plus rien!
La joie au sommet est à la mesure de l’effort consenti. Nous avons encore une fois la montagne pour nous seuls. Magique!
Joli sommet! La voie traverse les grandes pentes de la droite vers la gauche, remonte au pied de l’arête rocheuse dans l’ombre à gauche du sommet puis gravit l’arête rocheuse.
Il est temps de mettre la doudoune, le masque de ski et le masque en néoprène pour couvrir le visage
Les pentes sous le sommet, sur fond de Tyree, le second sommet d’Antarctique
Il est temps de redescendre. Attention à ne pas relâcher la vigilance: le vent est traître et refroidit certaines parties du visage qui peuvent être exposées. Karsten se gèle une partie de joue, le bord d’une narine et une extrémité de doigt…
Retour tranquille le lendemain au camp de base. Le temps est beau jusque sous le camp 1, où nous rentrons dans une mer de nuages.
Derniers rayons de soleil avant d’entrer dans la mer de nuages
Le soleil est revenu au camp de base comme nous attendons la venue du twin-otter
Concours de sculptures pour s’occuper… Ici, Amundsen et ses chiens en route pour le pôle Sud, oeuvre de deux canadiennes. Incroyable!
Ce voyage et ces deux sommets, gravis dans l’environnement magique de l’Antarctique, nous laisseront un souvenir inoubliable.
Plus de photos disponibles dans l’album « Vinson & Shinn »
Antarctique est grand, mais Chamonix, ou plutôt ses montagnes, ne seront jamais petits!
Question: pourquoi certaines photos ont elles disparu de ce reportage?
J’aurais bien aimé les revoir.
Heureusement, les photos restantes font toujours rêver.
Que CHAMONIX va vous sembler petit maintenant et ne parlons pas de PELVOUX . BRAVO .
Y&co