Parler de glace quand on voyage au Groenland paraît une évidence et semble totalement incontournable. C’est d’autant plus vrai en hiver, quand la mer gèle en banquise et emprisonne des icebergs jusqu’à la fonte du printemps. En été, ça paraît moins évident. Certes, la calotte glaciaire est toujours présente. Certes, on est tenté de faire le rapprochement avec le Spitzberg et ses innombrables glaciers.
Ce qui m’a surprise en vivant quelques jours dans cette baie de Disko, c’est l’étroitesse du lien entre la glace et le mode de vie des Groenlandais.
Ilulissat, plus grand village de la baie, est construit au bord d’un fjord où vient mourir un des plus grands glaciers qui descendent de la calotte glaciaire. Même chose pour Saqqaq et Qeqertaq, les deux autres villages que nous avons visités. Des icebergs viennent jusque dans le port. Les maisons sont toutes peintes en couleur vive pour agrémenter le regard; si on les regarde de loin, elles se détachent sur un fond d’icebergs.
L’été, les chiens et les traîneaux sont au chômage et l’on circule en quad, à pied ou en bateau.
Ces bateaux qui sortent du port doivent parfois se frayer leur chemin parmi la glace. Les petits attendent parfois que les gros leur frayent un passage.
L’iceberg qui se retourne, s’il est de taille suffisante, peut créer une vague et occasionner quelques dégâts sur les bateaux attachés dans les ports, parfois à plusieurs kilomètres de l’incident.
Le second souvenir fort que j’ai ramené de Disko est la grande panoplie de sons et bruits que fait la glace au cours de sa vie et qu’on peut directement expérimenter. Le craquement du glacier quand il vêle l’iceberg. L’iceberg qui craque la nuit (et le jour aussi), perdant parfois des pans de glace, qui parsèment la surface de la mer en s’entrechoquant. Pagayer parmi ces éclats de glace procure d’abord l’étonnement puis un sentiment assez jubilatoire.
Le petit iceberg fait du bruit en se retournant, brassant pas mal d’eau. Il goutte aux moments les plus chauds de la journée; c’est parfois une véritable cascade qui s’en échappe. Quant on s’en approche suffisamment près, on peut également percevoir un chant: le chant de la glace qui en fondant laisse s’échapper des millions de petites bulles d’air. Écoutez plutôt….
J’ai adoré écouter ce chant, me suis arrêtée plusieurs fois juste pour recommencer l’enchantement, pour ré-écouter cette musique magique… En profitant également du spectacle…
Lumière du soir se reflétant dans la glace travaillée par l’eau de mer
Petit iceberg aux formes étonnantes
Gros plan sur la base d’un iceberg, devenue bleue intense sous la pression des couches supérieures de glace
Autre reflet d’un iceberg autrefois très grand et qui a trop chanté… de sorte qu’il est maintenant tout petit et va bientôt mourir comme tant d’autres en baie de Disko…