Le Pissis est le troisième sommet le plus haut de la Cordillère des Andes, après l’Aconcagua (6959m) et l’Ojos del Salado (6893m). Jeanne-Marie m’en parlait depuis 2004, quand nous étions à l’Ojos: « il paraît que les couleurs sont incroyables, il y a des flamants roses… »
J’ai rencontré Matias au camp de base du Putha Hiunchuli, au Népal. Un Argentin leader d’une expédition norvégienne, ce n’est pas banal.
« Tu connais un guide pour le Pissis?
– Moi! J’y étais l’année dernière… »
Je n’ai pas hésité longtemps. Banco, allons-y!
Nous sommes partis de Mendoza vers le nord par la célèbre route 40. Le trafic, d’abord nourri, diminue progressivement. La température dépasse 30 degrés, ce qui est inhabituel pour des Européens en décembre!
La route passe par des gorges rouges couvertes de cactus, avant d’arriver à Fiambala. La fête du village nous empêche de dormir une bonne partie de la nuit. Grrhhh…
L’acclimatation à l’altitude commence avec une nuit à Cortaderas (3400m). Un immense hôtel est construit au milieu de nulle part mais à côté d’une très jolie lagune avec quelques flamants roses et autres espèces d’oiseaux. On peut randonner à la journée, gagner quelques centaines de mètres de dénivelé et revenir dormir un peu plus bas.
Nous prenons ensuite la direction de Las Grutas (4000m), un refuge très sommaire placé juste avant la frontière chilienne et le Paso San Fransisco, point de départ pour un grand nombre de sommets d’acclimatation entre 5000 et 6600 mètres. L’affluence au refuge peut être importante: le site est réputé pour les Argentins et les groupes en acclimatation pour l’Ojos del Salado. Nous y avons passé quatre jours, dont deux pour l’ascension du Cerro Morocho (5060m) et du San Fransisco (6018m), et deux pour du repos et une acclimatation passive en safari photo autour du refuge ou à la laguna Santa Rosa au Chili. Flamants roses, vigognes et renard sont au rendez-vous!
Nous sommes maintenant prêts pour le Pissis. Retour à Cortaderas puis embranchement avec la route en terre qui mène au camp de base, 90km plus loin. Cette piste nous offre des paysages spectaculaires de couleurs et de lagunes aux différentes nuances de bleu et de vert. Certaines lagunes sont classées en réserves naturelles. Nous ne croisons que des vigognes et profitons de la nature: c’est un véritable enchantement!
Nous sommes seuls au camp de base du Pissis (env. 4600m). Quel contraste avec l’Aconcagua ou l’Ojos del Salado! Nous plantons nos deux tentes et partons découvrir les lagunes et salars des vallées avoisinantes. Quels paysages magnifiques, quel calme, quelle impression de sérénité!
En fonction de l’année et des précipitations du printemps, on peut faire une partie du chemin vers le camp 1 en voiture. Il reste néanmoins deux bonnes heures de marche avec les gros sacs pour atteindre une zone plate près du bas du glacier, vers 5750 mètres d’altitude.
L’heure de départ pour le sommet dépend de la vitesse de progression escomptée. Il est confortable d’attendre l’arrivée du soleil, matinale sur ce versant est. On peut emprunter la pente raide du glacier avec les crampons ou progresser dans des éboulis à côté, jusqu’à 6300 mètres environ. On suit alors un vague sentier dans un terrain meuble. Il fait presque chaud par ce grand beau temps, un ciel tout bleu et un vent modéré.
La dernière partie de l’ascension se déroule sur un véritable tas de cailloux et devient franchement fatigante comme l’altitude augmente. Le rythme est très lent. On ne voit pas la fin des pentes raides. Avancer, ressaut après ressaut. Enfin, on atteint un plateau avec un gros cairn, une croix et des drapeaux de prières: c’est le sommet, avec de jolies vues sur les volcans, les lagunes et les salars.
La descente droit dans les éboulis est très rapide, moins de deux heures pour rejoindre la voiture.
De retour à Mendoza, en attendant le vol international, il est possible de visiter l’un des multiples domaines viticoles de la région. Nous avons passé un excellent moment au domaine Belasco de Baquedano avec une dégustation organisée autour d’un déjeuner, chacun des six vins étant merveilleusement assorti à un plat; très bonne cuisine (naturellement sans gluten) et très joli cadre (les baies vitrées du restaurant donnent directement sur les vignes) pour un prix restant raisonnable (selon les standards européens).
Logistique
Avion: Le plus simple pour des Français est probablement le vol direct de Paris à Santiago du Chili puis de Santiago à Mendoza (45 minutes)
Voiture: la clé du voyage. Le terrain caillouteux et l’altitude sont terriblement exigeants pour les véhicules. L’isolement rend l’autonomie obligatoire: il est illusoire de compter sur une réparation une fois dans les montagnes. Il faut un 4×4 robuste, avec deux roues de secours, assez grand pour y loger tout la matériel d’expédition. Il faut aussi un conducteur aguerri!
Guide: certaines agences locales fournissent un guide de Patagonie, potentiellement peu habitué à l’altitude, qui pourra rencontrer des difficultés d’acclimatation et ne connaîtra pas bien les itinéraires du nord de l’Argentine. Matias Erroz peut vous guider au Pissis: fiable, attentionné, physiquement affûté, excellent conducteur et cuisinier, il est aussi expérimenté (summiter à l’Everest, une expédition au K2, on ne compte plus ses sommets à l’Aconcagua et sur les autres montagnes andines). N’hésitez pas à visiter sa page Facebook!
Photo: le fréquent voile atmosphérique et ses turbulences peuvent être très frustrantes mais pour autant, n’hésitez pas à vous munir d’un téléobjectif !
Superbe, Marion!! Merci bien! Ca donne envie….
Bises
manu